Tout va très bien... merci.

Tout va très bien ici. Les maoïstes posent des bombes dans Kathmandu, mais la fête bat son plein, c’est le nouvel an...Le nouveau roi vient de limoger le Premier Ministre élu démocratiquement, pour en choisir un « royaliste ». Comme le gouvernement est dissous, ils sont seul tous les deux à la tête du pays. Donc tout va très bien.

Les tibétains s’inquiètent un peu, ils disent que les maoïstes ou les royalistes, c’est du pareil au même, pas d’élection !

Notre voisine de dessous rentre ivre tous les soirs, soit elle chante, ça c’est les bons jours, soit elle pleure ou elle casse la vaisselle ! ça va bien. Hier, en sortant de chez des amis, nous avons avisé un petit attroupement. Nyima, toujours curieux, a voulu savoir ce que c’était. Il s’agissait tout simplement d’une femme en train d’accoucher dans la rue ! Elle était à quatre pattes, ce doit être la tradition ici, et son mari attendait avec une serviette dans les mains. Nyima et moi ne savions que faire. Une petite nonne m’interpella en anglais pour me demander de l’aide. A vrai dire, je ne me voyais pas intervenir. Un homme tentait de m’expliquer doctement, que si j’attendais quelques minutes j’assisterais à une « maternité ». Finalement, nous avons résolu de nous mettre en quête d’un médecin, introuvable. Lorsque nous sommes revenus, l’attroupement avait grossi et le bébé était né. J’ai joué des coudes pour m’approcher. Plusieurs femmes, népalaises et tibétaines, entouraient à présent la jeune maman, dont mon amie Sonam Lhamo. Elle avait des ciseaux à la main et un produit je suppose antiseptique, et elle voulait couper le cordon ombilical, mais le mari s’y opposait farouchement. Le bébé, une petite fille toute rose, était enveloppé dans des chiffons, tandis que la maman, une ravissante jeune femme népalaise, buvait un verre de lait qu’on venait de lui donner, avec un calme déconcertant. Nous avons aussi trouvé un taxi, mais là encore, le mari s’est opposé à transporter sa petite famille à l’hôpital. Finalement, la jeune femme, son mari, et une femme portant le bébé toujours accroché au corps de la mère, sont partis en procession vers je ne sais quelle destination. Je vous le dis, tout va très bien ici.