Ce petit recueil d’histoires vous offre une intéressante vision des voyages en bus au Népal!
Histoires drôles ou dramatiques, mais rassurez vous, les principaux protagonistes s’en sont tirés sains et saufs!

- Nous attendions le père de Nyima qui arrivait d’Inde par le bus direct Delhi-Katmandou. Il convient de dire avant tout que ce bus est très prisé par les tibétains car il permet de passer la frontière sans trop de difficulté. Mais le trajet est très long et la route difficile. Il faut en temps ordinaire 36h pour couvrir la distance entre les deux capitales, mais l’activité des maoïstes a pour conséquence de nombreux contrôles de l’armée népalaise, ce qui rallonge le voyage de plusieurs heures.
Nous n’étions pas franchement inquiets de ne pas voir arriver Janpa, supposant donc un retard possible. Nous avons été néanmoins soulagés de le voir arriver, mais il était complètement traumatisé par son aventure car en fait son bus s’était bel et bien renversé dans un petit ravin au fond duquel coulait une rivière. Il était à peu près 1h du matin lorsque Janpa fut réveillé par l’accident. Le conducteur s’était-il assoupi? Nous n’en saurons rien car il a été tué dans l’accident ainsi que 3 autres passagers. Il y a eu de nombreux blessés dont une femme occidentale. Il fallut plusieurs heures pour hisser les blessés avec des cordes jusqu’à la route.
Janpa n’a rien eu, pas même une égratignure. En fait, parmi les passagers, il y avait 21 tibétains, aucun n’a été blessé. Janpa nous expliqua tout fier, que c’était sans doute du aux protections qu’ils portent toujours sur eux.
Malgré tout, une fois les rescapés réunis sur le bord de la route, il leur fallut attendre 3 jours avant qu’un bus ne vienne les ramasser. Pendant ce temps, la police leur apporta un peu de thé et de pain pour les substanter. Et que croyez-vous? Non seulement ils ne furent pas remboursés de leur premier voyage, mais ils durent payer aussi pour le second bus!

- Je me trouvais à Baudha avec Marcelle, la secrétaire de l’association lorsqu’une jeune bénévole, Christelle arriva pour nous aider. Nous avions décidé de la faire travailler sur un projet dont le lieu se situe assez loin de Baudha. Pour éviter les frais de taxi, j’ai proposé à Christelle de prendre l’un de ces petits bus qui effectuent les trajets dans Katmandou. Donc, il y avait à peine deux jours que Christelle était avec nous lorsque nous avons décidé de faire avec elle le trajet en bus afin qu’elle puisse repérer les lieux. Le bus était bondé, donc nous étions debout dans l’allée centrale, et je me trouvais juste devant la porte. Le bus s’arrêta à un arrêt, la porte s’ouvrit, et je vis un jeune homme qui, plutôt que de monter, commença à remonter son ti-shirt, ce qui permit de découvrir l’étui d’un "koukouri" pendu à sa ceinture. Le "koukouri" est un énorme poignard à lame courbe utilisé par le soldats "gurkas" de l’armée népalaise. Je regardais un peu surprise mais pas encore effrayée, lorsque le jeune homme sortit le "koukouri" de son étui et le brandit juste devant moi en hurlant quelque chose en népalais. Je n’ai pas compris ce qu’il criait mais le geste me suffisait. Criant moi-même, j’ai poussé mes compagnes tout contre le chauffeur, tandis qu’une certaine panique s’installait dans le bus. En fait, tout fut très rapide. Dans l’affolement, le chauffeur du bus réussit à fermer la porte et à démarrer pendant que son acolyte maintenait l’agresseur dehors. Il y avait plusieurs jeunes gens à l’intérieur du bus, et alors ils se mirent à crier pour faire arrêter le véhicule, dont ils firent ouvrir la porte, et ils sortirent en courant visiblement à la poursuite du jeune homme.
Nous ne saurons pas non plus la fin de l’histoire car le bus redémarra sans plus attendre. A l’arrivée, encore émue par une peur rétrospective, Christelle s’aperçut qu’un habile coup de cutter avait fendu son sac. Fort heureusement, rien n’avait été pris. Nous n’en saurons pas plus, mais tout ce qu’on peut dire c’est que ce fut une expérience marquante pour notre jeune bénévole!

- La troisième histoire se situe sur la route de l’Everest. L’une de mes amies était partie pour y faire un petit trek, et prit bien entendu un bus pour la première approche. Pour qui connaît les routes népalaises, sait que le car ne roule pas vraiment mais cahote quelquefois dangereusement de trous en bosses le long de pistes en terre. Il en était ainsi ce jour-là. Devant mon amie, était assise une famille avec un jeune enfant qui, debout sur les genoux du père, passait la tête et le haut du corps par la fenêtre, si bien qu’un cahot plus violent le projeta à l’extérieur. Cris de la mère, affolement dans le bus, et le conducteur stoppa l’engin. Mon amie n’osait pas regarder persuadée que l’enfant était sinon mort, du moins sérieusement blessé. En fait, il semblait complètement sonné. On s’affaira autour de lui, on le remonta a bord, puis on repartit. A la halte suivante on le fit examiner par un docteur, mais à part une grosse bosse au front, l’enfant était indemne.

- Après ces trois épisodes tragi-comiques, je vous rassure, la dernière histoire est totalement drôle. Mes amis Marie et Alain sont venus en octobre faire un séjour mais aussi assurer la formation de nos jeune guides. Nous avons donc effectué des entraînements sur le terrain avec eux. C’est ainsi que nous sommes partis faire le petit trek qui conduit de Dhulikhel à Namobuddha, avec l’intention de rejoindre, toujours à pied, la petite bourgade de Panauti.
Mais arrivés à Nambuddha après 4h de marche, Marie et moi qui ne sommes pas de grandes sportives, avons éprouvé le besoin de poursuivre la route par des moyens motorisés.
Redescendant de Namobuddha, nous avons trouvé une tout petit hameau où l’on nous a certifié qu’un bus pour Panauti allait arriver. Au bout d’un long moment, nous avons vu arriver ce qui ressemblait à un camion remorque assez étrange. Il tenait à la fois du camion frigorifique par l’allure de sa remorque et du fourgon cellulaire à cause des ouvertures qui agrémentaient cette même remorque. Plutôt perplexe, nous nous questionnions sur la nature de ce véhicule lorsque l’on nous apprit qu’il s’agissait du bus que nous étions supposés prendre! Le chauffeur, un très jeune homme, nous invita d’ailleurs à prendre place. Temba, toujours très attentionné, nous conseilla, à Marie et à moi, de monter dans la cabine auprès du chauffeur, d’après lui plus confortable que la remorque-cellule.
Avant le départ, nous observèrent que le jeune conducteur arborait un magnifique tee-shirt sur lequel on pouvait lire "Titanic", ce qui n’augurait rien de bon pour notre voyage, mais cela nous fit bien rire, surtout lorsqu’au moment du départ nous nous aperçumes que le bus ne pouvait démarrer qu’à la pente.
Le bus-camion prit enfin la route, ou plutôt la piste en montagnes russes. En fait, je n’avais jamais vu de piste aussi défoncée, et nous en avons conclu que notre véhicule devait être équipé de 6 roues motrices pour pouvoir ainsi affronter les énormes crevasses qui éventraient la chaussée.
A chaque trou nous plongions, pour remonter, nous éprouvions des sensations identiques à l’assaut d’énormes vagues, avec l’impression que le Titanic n’était pas loin du naufrage. Comme sur un manège où l’on joue à se faire peur, nous poussions des cris chaque fois que la cabine se précipitait dans un trou, cahotant dangereusement, et nous ballotant violemment contre les parois. Sans doute pour nous rassurer, le jeune conducteur arrêta son véhicule et appela son acolyte qui vint nous verrouiller la porte afin que nous ne soyions pas éjectées.
Nous n’étions qu’à moitié rassurées car en fait la piste surplombait des champs et nous craignions le renversement à chaque cahot. Soudain le moteur cala et bien entendu ne repartit plus. Tous les passagers durent descendre pour pousser le bus en marche arrière jusqu’à retrouver une pente suffisante qui lui permit de relancer son moteur.
Bref, ce fut avec soulagement que nous atteignirent Panauti où nous avons pris un taxi pour poursuivre notre route jusqu’à Baudha.

... après tout, on n’est pas obligé de prendre les bus!